Mercredi 26 juillet 2017 :
Suite à l’affaire « Photobucket », où cet énorme hébergeur a changé ses conditions d’accès fin juin 2017 pour « virer » des milliers d’utilisateurs, j’ai entrepris de corriger quelques-uns de mes sujets pour rétablir les images, désormais hébergées ailleurs. En réactualisant ce sujet, j’ai trouvé plus clair de le reprendre d’une manière plus concise.
Donc.... voilà :Bonjour tout le monde,
Après dix mois de silence, je vous présente le projet qui m’a occupé pendant toute l’année 2012.
Je me suis lancé dans la réalisation d’un kit au 1/24e de la sonde lunaire Ranger 8, lancée en 1966 par la NASA.
C’est, j’espère, le premier d’une série de kits au 1/24e de sondes spatiales que je voudrais réaliser avec des techniques modernes : CAO, prototypage 3D (stéréolithographie), photo découpe et laiton tourné en commande numérique.
Voici une description du projet, de la conception au montage du prototype.
Petit rappel : la sonde Ranger 8 (NASA, Février 1965)
C’est la dernière de la série Ranger. Ces sondes étaient lancées vers la Lune en trajectoire directe et programmées pour s’y écraser, non sans avoir pris jusqu’au dernier moment des clichés de la surface qui étaient envoyées immédiatement. L’objectif était une reconnaissance de futurs sites d’alunissage.
La sonde se compose d’un compartiment hexagonal surmonté d’un cône contenant six caméras. Deux panneaux solaires déployables. Moteurs de correction d’attitude et un moteur de correction de trajectoire.
Mon point de départ est le blueprint du JPL (Jet propulsion Laboratory) :
PHASE 1 : la modélisationPour la modélisation, j’ai utilisé l’excellent logiciel Rhino 5. Durant 130heures étalées sur quatre mois, j’ai dessiné l’engin en décalquant les profils sur les plans, puis en construisant le relief : ceci assure un maximum de précision et de fidélité.
Quelques étapes du dessin :
L’une des deux platines du système de contrôle d’attitude (avec réservoir d’hélium et boitier de commande)
Un morceau de bravoure : ce sont les pattes de fixation des tripodes qui retiennent les panneaux solaire en position repliée :
L’ensemble prend forme :
L’ensemble presque achevé :
La baie scientifique qui contient les six caméras :
La baie d’équipement :
L’un des vérins de déploiement des panneaux solaires :
Le moteur de correction de trajectoire :
L’antenne :
Et voici une série de vues (des « rendus ») de l’engin terminé :
Enfin, pour le fun, un petit « raytracing » avec les couleurs du vrai :
Phase 2 : le prototypage des piècesDans l’optique d’en produire éventuellement un « garage kit », j’ai placé les pièces sur des grappes et envoyé le tout au prototypeur pour impression en stéréo lithographie.
J’ai regroupé les pièces sur trois « plateaux » de 8x4cm en adaptant les éléments en fonction des contraintes assez particulières liées au procédé d’impression.
Puis chaque pièce a été convertie au format STL (stéréo lithographie), corrigée des défauts essentiels et enfin envoyée chez le prototypeur.
Dans le même temps, la photo découpe était finalisée et un jeu de tiges de laiton commandé chez un tourneur (Master Models) équipé d’une commande numérique.
PHASE 3 : La préparation du master.Voici des photos des pièces envoyées par « l’imprimeur ». Le rendu est exceptionnel puisque les plus petits détails visibles mesurent 5/100 de mm !
Commence alors le nettoyage final des pièces dont certaines seront « habillées » de photo découpe.
Puis l’ensemble sera reproduit par moulage.
L’envers d’un panneau solaire
La baie d’équipement :
Les platines des réservoirs d’hélium :
Moteurs d’attitude, connecteurs et senseurs :
Le très complexe système d’orientation de l’antenne :
Les fameuses ferrures des tripodes de maintien des panneaux !
Diverses tiges et vérins des panneaux :
Les minuscules clips de maintien des tubes d’amenée d’hélium pour les moteurs d’attitude :
PHASE 4 : assemblage du prototype.Voici quelques photos des 35 étapes d'assemblage des 167 pièces de ce kit.
Les pièces se dégrappent très bien, pratiquement aucun nettoyage requis. Assemblage facile malgré la taille très réduite de certaines. Pour le moment, tout va bien.
Pour donner l'échelle : les carreaux du mat bleu en arrière-plan mesurent 1cm de côté.
La case à instruments :
Les six caméras de prise de vue :
Le moteur de correction de trajectoire :
Son support dans le corps principal :
Vue de dessous avec son parement en photo découpe :
Le moteur en place (pas collé) :
Vue de dessus :
Le capot de protection (juste posé) :
Le module de service vu de dessous. Collage des six supports d'équipement :
Le même vu de dessus :
Les deux platines des moteurs d'attitude :
Première mise en peinture (Alclad2 sur base noir brillant). Couleurs : aluminium poli, acier et magnésium
Et voilà un peu de détaillage en peinture :
Les deux panneaux solaires :
La structure hexagonale qui supporte la sonde. Elle est composée de six barres en laiton tourné qui s’emmanchent dans des embouts en résine. Quatre barres obliques supplémentaires sont faites de la même façon.
Mise en place des deux platines des moteurs d’orientation :
La couronne de base supporte une série de connecteurs et platines :
On passe maintenant à l’ensemble constitué de l’antenne à haut gain et de son complexe mécanisme d’orientation :
Le mécanisme d’orientation.
Très compliqué, il est constitué de 13 pièces, dont un capteur d’étoile et ses écrans pare-soleil.
Il est articulé pour permettre plus tard de positionner l’antenne selon qu’on la veut déployée ou non.
Ici à droite de la photo on voit le mécanisme dans ses deux positions extrêmes : replié et déplié :
Les décals sur les deux panneaux solaires :
Et je ne résiste pas à faire un petit montage à blanc pour avoir une première idée d’ensemble :
Premier chapitre « délicat » : l’assemblage du grillage de l’antenne à haut gain.
Il est composé de 12 secteurs en treillis tissé de laiton, embossés entre deux gabarits en résine conçus pour l’occasion. Les gabarits servent aussi à tracer les contours (au feutre à pointe souple).
Ils sont enfin découpés à la bonne dimension.
Ensuite, assemblage provisoire à l’aide d’adhésif de masquage et perçage des trous de passage des supports de l’antenne. J’utilise une fraise à grande vitesse car un foret arracherait le treillis.
Le centre est dégagé à l’emporte-pièce.
Collage sur le châssis en résine assemblé plus tôt. J’utilise de la super glue épaisse pour ne pas imprégner le treillis.
Fin de l’assemblage de l’antenne à haut gain :
Pose des moteurs de correction d’attitude :
Encore un boitier de connexion :
Second morceau de bravoure. L’assemblage très délicat des quatre supports qui maintiennent les panneaux solaires repliés pendant le lancement.
Une fois la bonne méthode trouvée, ça va tout seul !
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Mise en place des tubes d’alimentation en hélium des moteurs d’attitude :
Les six bras qui servent à soutenir l’antenne quand elle est en position repliée sous l’engin lors du lancement :
Les deux panneaux de protection thermique avant les retouches de peinture et l’assemblage final :
Et voilà !
Cette maquette a été présentée au salon de Telford en novembre 2015, où elle a remporté la médaille d’argent dans sa catégorie… à l’origine une médaille d’or, mais déclassée presque aussitôt pour laisser la place à mon autre montage du pas de tir Soyouz :
_Bruno